Razan al Mubarak pour POLITICO : "La meilleure façon de célébrer les femmes est de les soutenir en tant que leaders"

À l'occasion de la Journée internationale de la femme 2023, la première femme du monde arabe à occuper le poste de présidente de l'UICN, Razan Al Mubarak a rédigé un éditorial pour POLITICO, appelant à ce que les voix des femmes soient entendues, incluses et célébrées.

Dans l’éditorial, Mme Al Mubarak souligne la diversité des expériences auxquelles les femmes du monde entier sont confrontées lorsqu’elles font face aux effets du changement climatique et de la perte de biodiversité :

Ce matin, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, des femmes du monde entier se sont réveillées - et ont poursuivi leur vie, comme si de rien n'était. En Chine, une mère a commencé une longue journée de travail comme agricultrice ; elle est le principal pourvoyeur de sa famille. Une jeune fille du Kenya est partie en randonnée – à plus d’une demi-heure de marche de chez elle – pour aller chercher du bois qui servira de combustible à sa famille. Une mère à Miami part pour l’école un peu plus tôt, conduisant ses enfants à travers des routes inconnues puisque leur itinéraire habituel est inondé. En Colombie, une matriarche Arhuaco a rassemblé les réserves de plantes médicinales, en constante diminution, qui l'aideront à prendre soin de son peuple. Une femme en Turquie, qui a récemment tout perdu, a commencé le difficile processus de reconstruction avec l’aide de ses amis et de sa famille restants.

Mme Al Mubarak reconnaît également le rôle fondamental des femmes dans leurs communautés et lance un appel pour que les femmes deviennent des leaders au plus haut niveau :

Ces femmes sont au cœur de leur communauté et constituent l'épine dorsale de leur famille. Elles sont les principaux décideurs en matière d'alimentation, de carburant, d'éducation des enfants - y compris l'éducation, la santé et la planification familiale - et de gestion des terres, des ménages et des ressources. Elles constituent aussi, malheureusement, la majorité des pauvres de la planète et sont les plus touchées par la double menace du changement climatique et de la disparition de la nature. Mais au plus haut niveau de représentation - là où leur leadership est le plus nécessaire - leurs voix sont largement absentes. Aujourd'hui – et tous les jours– la meilleure façon de célébrer les femmes n'est pas seulement d'inclure et d'élever leurs voix, mais aussi de les soutenir en tant que leaders. L'avenir de notre planète en dépend.

Lire l'intégralité de l’éditorial de Razan Al Mubarak sur POLITICO — et bonne journée internationale de la femme !

Un message de Razan Al Mubarak à l'occasion de la Journée internationale de la femme 2023

Chers amis et chers collègues,

Je voulais profiter de cette occasion - à l'occasion de la Journée internationale de la femme - pour dire quelques mots sur l'importance de la représentation. Aujourd'hui - et chaque jour - la meilleure façon de célébrer les femmes n'est pas seulement d'inclure et d'élever leurs voix, mais aussi de les encourager à devenir des leaders.

Nous savons tous que les femmes sont un élément central de leur communauté et l'épine dorsale de leur famille. Ce sont des mères, des sœurs, des filles - et ce sont aussi des décideurs  principaux  en matière de gestion de l'alimentation, des terres et des ressources. 

Les femmes forment parti aussi, malheureusement, de la majorité des pauvres et des personnes les plus vulnérables dans le monde, et elles sont les plus touchées par la double menace du changement climatique et de la perte de biodiversité. Mais dans la représentation - des organisations communautaires aux plus hautes instances des bureaux internationaux - où leur leadership est le plus nécessaire, les voix des femmes sont largement absentes.

Il serait facile, en un jour comme celui-ci, de faire semblant d'encourager des femmes à devenir des leaders. Mais nous devons et voulons faire plus que cela. Nous avons besoin d'une représentation égale. Nous devons nous assurer que les politiques et les solutions que nous promouvons sont non seulement cocréées par les femmes, mais qu'elles ne les excluent pas par nature.

En tant que première femme du monde arabe à la tête de l'Union internationale pour la conservation de la nature - et maintenant, en tant que championne de haut niveau des Nations unies pour le changement climatique pour la COP28, je suis déterminée à laisser un modèle à ceux qui me suivront.

La perte de biodiversité et le changement climatique nous concernent tous. Nous devons tous sensibiliser, défendre et nous faire entendre.

Mesdames et messieurs, bonne journée internationale de la femme !

— Razan Al Mubarak

Lors du One Forest Summit, Razan Al Mubarak souligne le rôle des forêts dans la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité

“C’est la décennie au cours de laquelle nous devons inverser la perte de biodiversité, réduire les émissions, aborder la résilience, faire progresser l’équité, et nous devons faire tout cela simultanément,» a affirmé Razan Al Moubarak, lors du sixième sommet annuel One Forest Summit.

La protection des forêts tropicales humides a été au centre de la conférence de deux jours, à laquelle ont participé le président français Emmanuel Macron, le président gabonais Ali Bongo Ondimba, et d'autres officiels et ministres de l'environnement du monde entier. Le groupe s'est réuni à Libreville, au Gabon, pour discuter de l'avenir des forêts tropicales dans le bassin du Congo, en Asie du Sud-Est et dans le bassin de l'Amazone.

Mme Al Mubarak a déclaré que les forêts sont un outil puissant dans la lutte contre la perte de biodiversité et le changement climatique, déclarant : 

"Nous reconnaissons la valeur irremplaçable des forêts pour la nature, pour les personnes, pour l'économie, pour l'humanité, mais aussi comme une solution de premier ordre pour lutter contre le changement climatique. Nous reconnaissons également qu'il n'y a pas d'Accord de Paris sans protection, sans restauration, sans maintenir et gérer la nature."

Elle a également souligné l'importance d'intégrer les peuples autochtones et les jeunes dans la lutte pour la conservation de la nature, ajoutant que les besoins et les préoccupations des pays en développement doivent être entendus et pris en compte.

Pour en revenir à la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28) en novembre, Mme Al Mubarak, qui est également championne de haut niveau des Nations unies en matière de changement climatique, a réaffirmé son engagement à adopter des "solutions pragmatiques" pour lutter contre la perte de biodiversité et le changement climatique.

"Lors de la COP28, nous mettons la nature et l'inclusion au cœur de notre programme. La COP28 sera une COP d'action, et ce sera une COP où le Sud mondial sera au premier plan."

Une vidéo de l'intervention de Mme Al Mubarak est disponible ici.